Cet article fait partie de la série réalisée dans le cadre du projet de l'AST 67 "Vivre son travail".
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Va, vis et deviens
- Des origines espagnoles,
- un père guitariste amateur qui avait créé un trio de musique populaire et festive,
- une arrivée en France à l'âge de 2 ans,
- l'entrée au conservatoire à 9 ans pour en sortir 10 ans plus tard muni de 2 premiers prix en instrumental et musique de chambre,
- l'enseignement dans des écoles de musique dès l'âge de 17 ans qu'il assure toujours et avec passion,
- des concours pour parfaire sa virtuosité dans le jeu de la guitare,
- de nombreuses prestations sur scène en tant qu'interprète,
- des compositions appréciées,
- des enregistrements de disques...
Le parcours de Mariano est déjà riche et varié. L'homme que j'ai en face de moi est quelqu'un de modeste, d'apparence douce et calme, qui donne une définition simple de son activité:
"Je suis musicien, je me produis sur scène, j'enseigne et je compose; les trois activités se répondent."
Guitariste flamenco, pédagogue passionné, il met fin à sa scolarité en seconde :"J'avais envie de faire de la musique, tout simplement. Je baignais dedans. Le plaisir musical était quelque chose de naturel, la musique faisait partie de moi. Je ne me posais même pas la question de faire autre chose."
"Je me souviens que mes parents ont imaginé - pas longtemps ! - que je pourrais être prothésiste dentaire. Ils m'ont emmené voir comment cela se passait. Quelle chance ! En voyant cette manière de travailler, j'ai eu une impression terrifiante de l'atelier visité. Ca m'a vacciné, pour ainsi dire. Ca sentait le rance, il y avait une ambiance morbide. C'était évident pour moi que je ne pourrai jamais vivre comme ça."
Mariano a eu la chance que ses parents comprennent sa passion et ne l'aient pas forcé à opter pour une voie qui n'était pas la sienne.
"On m'a proposé très vite d'enseigner la musique, pour moi c'était parfait, j'ai accepté évidemment, je ne savais faire que cela, c'était normal. J'ai passé ensuite mon diplôme d'état d'enseignement artistique."
La formation musicale de Mariano est classique même si par ses origines il a été initié tôt à la musique populaire, au flamenco.
Son dernier concert classique date de 1995. Aujourd'hui, il se consacre exclusivement au flamenco. "Les vibrations..."
En 1992, Mariano participe à l'un des plus grands concours de flamenco, celui de La Union, à Murcia. Face à un public espagnol très difficile, ultra-connaisseur du flamenco, Mariano est présenté comme Strasbourgeois. On imagine le défi. Qu'il relèvera puisqu'il remportera le prix Bordon Minero, un peu comme le Nobel de la guitare flamenca !
"Ce fut une véritable épreuve, mais au fur et à mesure, je sentais le respect s'installer dans la salle, j'étais dans le bon feeling, je sentais que j'avais le tarab comme disent les orientaux !"
Longtemps interprète, Mariano est également un compositeur apprécié et demandé depuis 1990. il apprécie de créer pour une troupe, pour un spectacle, dans la lignée de ce que créait Antonio Gadès. Son inspiration, il la puise dans l'univers du flamenco.
"Tu n'existes dans le flamenco que si tu composes. Etre seulement interprète n'est pas suffisant. Le style personnel est important. Jouer bien n'est pas suffisant pour exister, il faut une patte, un style bien à soi."
Et puis, la maturité venant, "la richesse intérieure aussi est venue. J'ai senti une plus grande sensibilité pour la composition."
Mariano me parle de jubilation lorsqu'il est sur scène.
"J'aime la scène, c'est jouissif. C'est un moment magique. Je vis ça avec intensité, comme quelque chose d'exceptionnel. Il faut que ça pulse. C'est la vie, l'adrénaline, aller au-delà. Ce sont ces moments d'émotion que je recherche. Arriver à ressentir mais aussi à transmettre, à projeter cela au public."
Optimiste par nature, c'est dans le flamenco que Mariano puise sa force particulière. "J'aime la vie, le flamenco est un moteur, c'est l'extase."
"Avec mes étudiants, le rapport est riche également. Nous échangeons des émotions."
Receveur et transmetteur d'énergie, la notion d'échange est importante pour Mariano.
"J'aime travailler avec des personnes exigeantes. Je déteste la mièvrerie et la fadeur, les gens qui n'ont rien à dire du point de vue artistique."
"J'aime composer même si c'est loin d'être facile. Je ressens des doutes, des interrogations, j'ai de l'anxiété. Quand je compose, je rame, je rame ! Ca peut tourner dans tous les sens, mais quand ça arrive, quand c'est ok, tout paraît normal, évident."
"J'aime aussi le regard des autres sur ce que je fais. Echanger, parler de musique ou d'une émotion avec un inconnu, c'est gratifiant, recevoir un message, un signe de quelqu'un qui me dit merci pour un spectacle, une composition, ça va au-delà de la satisfaction. La musique c'est un peu comme des petits cailloux blancs que je sème, quand quelqu'un en ramasse un, c'est magnifique ! C'est un bien-être, un accomplissement."
Lors du repas que nous partageons et auquel il m'a invité, Mariano me dit "aimer les belles et bonnes choses. Je suis un bon vivant, un épicurien. Je gère ma vie personnelle et professionnelle sans compromission."
Homme du grand large, la liberté n'est pas un vain mot pour ce musicien dont les yeux sont rivés sur l'horizon, le toujours plus loin. Cela ne l'empêche pas de me parler longuement de sa femme, de ses enfants, de sa maison. Recherche de l'harmonie, de l'équilibre.
Ce passionné qui aime profondément la vie m'offre ses recommandations pour s'éclater dans son métier :
- "Sentir ce qu'on a dans ses tripes, savoir ce qu'on veut, se connaître.
- Laisser agir ses envies. Se laisser aller. Attention au balisage, au conditionnement. Se lâcher contre vents et marées. Ne pas contourner, ne pas se laisser faire."
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