2.10.07

Portrait 9 Exposition AST 67 "Vivre son travail": Aïssa Belayden, Technicien de surface, SAMSIC
























Cet article fait partie de la série réalisée dans le cadre du projet de l'AST 67 "Vivre son travail".
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Se respecter soi-même pour pouvoir respecter les autres

La première impression que je ressens en rencontrant Aïssa Belayden, c'est la haute stature de l'homme, son élégance et sa grande douceur.

Après un cursus en physique-chimie entrepris au Maroc, Aïssa rejoint la France en 1988. Il s'y mariera et y fondera sa famille.

La discrétion est une vertu pour lui, il ne parle que peu de ses études.

"Je cache même mon niveau d'études, c'est pour moi, à l'intérieur. C'est souvent mal compris. Celui qui ne voit que ma partie extérieure, c'est aussi bien, tant pis ou tant mieux pour lui."


C'est sans amertume qu'il accepte ainsi de travailler dans le secteur du nettoyage.

Aïssa sait bien que son métier est largement méconnu.

"Les gens qui le font sont quasiment invisibles. Nous sommes les derniers maillons de la société. Nous faisons partie d'une population défavorisée, modeste. Nous ne sommes guère reconnus socialement."


Depuis presque 20 ans, il a connu toutes les évolutions de ce secteur et a offert ses services à différentes sociétés de la région.

J'ai la chance qu'Aïssa apprécie de me parler d'un métier qui s'est largement modernisé.

"Aujourd'hui, c'est beaucoup plus efficace qu'à mes débuts. Nous sommes 5 fois plus rapides pour le même travail.
La vision du métier n'est plus tout à fait la même non plus. Avant, on disait nettoyeur, aujourd'hui c'est agent de propreté ou technicien de surface. Et pour bien travailler, il faut avoir un cv aujourd'hui, de l'expérience."

Aïssa me fait prendre conscience de détails qui sont loin d'être anodins: "Si la personne ne sait pas lire, comment peut-elle utiliser des produits de nettoyage qui peuvent parfois s'avérer dangereux ? Il existe de vrais problèmes de sécurité dans ce métier. Mieux vaut être bien formé.
Dans le domaine du nettoyage, la concurrence est rude et certaines sociétés sont prêtes à prendre des risques.
Je comprends bien que pour des raisons économiques tous les paramètres ne sont pas forcément respectés" me dit Aïssa mais il met aussitôt en garde: "ne pas respecter la sécurité pour gagner du temps, oui, certains le font, mais c'est dangereux. Moi j'ai choisi de respecter les procédures et les consignes de sécurité, c'est trop important.
Il faut faire attention à sa propre santé, c'est un respect envers soi-même de ne pas faire son métier n'importe comment.
Et aujourd'hui, les patrons, la médecine du travail, comprennent bien ces choses-là et recommandent d'y prendre garde. Aucun patron, n'a intérêt à ce qu'il y ait des accidents. Il y a donc eu beaucoup d'évolutions dans mon métier depuis que je le pratique. Il y a de plus en plus d'importance accordée à la sécurité, à la formation. Et puis l'ouvrier doit lui-même porter attention à sa sécurité."

C'est parce qu'il accorde beaucoup d'importance aux questions de sécurité qu'Aïssa a décidé de prendre des responsabilités au sein du CHSCT de son entreprise.

"La seule chose qui n'ait pas évolué, ce sont les salaires, qui sont toujours bas", me confie-t-il avec un humour ponctué par un sourire d'une élégance rare.

Ce qu'il apprécie le plus dans son métier:

- "L'indépendance. Je suis quasiment mon propre patron, je gère mon temps, les rendez-vous avec les clients qui sont des banques, des assurances, des restaurants.

- Les relations directes avec les clients

- J'ai de l'ancienneté dans le métier, mon patron me fait confiance."

Il croit fermement à quelques principes, en particulier la franchise, l'authenticité. "J'aime que les règles du jeu soient claires."

De même, il avoue que c'est le contact direct avec le client qui le motive. "Je crois que j'ai plus le respect du client que du patron" me dit-il.

Enfin, il accorde une grande importance au respect "des autres et de soi-même. Il faut faire attention aux interprétations. Quand on ne connaît pas quelqu'un, on ne le juge pas."

Ses recommandations pour s'éclater dans son métier:

- "Accepter ce qui existe. On ne peut pas tout faire d'un coup. Comme le dit le proverbe, petit à petit l'oiseau fait son nid.

- Il est plus important de s'intéresser à sa santé qu'à son salaire. Il ne faut pas accepter de faire n'importe quoi à n'importe quel prix."

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